Connaissez-vous la littérature de cordel ?

Solenne Derigond est enseignante chercheuse contractuelle en études brésiliennes à l’Université de Caen. Sa thèse portait sur la littérature de cordel, “ficelle” en portugais.

La littérature de cordel est une littérature de colportage née dans le Nordeste brésilien à la fin du 19e siècle. Elle est le fruit de poètes, héritiers d’une tradition orale de raconter des histoires, notamment de Leandro Gomes De Barros à qui on en attribue la paternité. À la fois poète, éditeur et vendeur, ce dernier a défini les règles de cette littérature destinée au plus grand nombre, peu chère et réalisée avec du matériel peu coûteux. Les couvertures sont illustrées, le plus souvent avec de la gravure sur bois. Ces contributeurs sont pour la plupart des autodidactes bien que, depuis les années 2000, certains poètes comme les graveurs suivent désormais un cursus universitaire.

Historiquement, la littérature de cordel a la particularité de raconter des histoires en vers en les simplifiant ou en les raccourcissant pour faciliter leur compréhension. C’était aussi une manière d’expliciter l’actualité. Populaire, elle était vendue sur des étales ou suspendue à des ficelles. Si la littérature de colportage n’existe plus au Portugal depuis les années 1950, la littérature de cordel brésilienne, perdure encore aujourd’hui bien qu’elle ait changé de forme et d’objectif en lien avec l’évolution de l’éducation et la société. En 2018, la littérature de cordel a été reconnue Patrimoine culturel immatériel national au Brésil.

La Bibliothèque Sorbonne Nouvelle possède justement un peu plus de 1100 livrets issus de la littérature de cordel, dont 300 n’étaient pas encore répertoriés. Ce fonds est issu de dons variés de publications depuis les années 1970 aux années 2000. Pendant ces 3 semaines, Solenne Derigond va analyser ce fonds pour en comprendre le contenu et la façon dont il a été constitué. Ce sera aussi l’occasion de produire des textes scientifiques de valorisation.